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dimanche 28 février 2010

En Patagonie humide...


Samedi 27 février 2010

Position : 54°52' S
69°36' W

Au moteur, bras NW du Beagle

Bonjour !

Nous avons quitté la jolie caleta Olla ce matin après avoir dû y relâcher un peu plus longtemps que prévu, la journée d'hier étant résolument placée sous le signe du mauvais temps. En effet, outre le fait qu'il a plu continuellement du matin au soir, le vent s'est levé vers midi pour atteindre en milieu d'après-midi 55 noeuds, dans le mouillage !!!

Nonobstant l'humidité ambiante, un petit groupe d'irréductibles randonneurs, à la tête duquel je me trouvais, a enfilé les cirés et mis le cap vers le lac dans lequel se jette un admirable glacier, non loin du mouillage. Les choses ont commencé à se gâter assez rapidement, suite à une option hasardeuse consistant à choisir un nouvel itinéraire de rando... Le terrain s'est vite révélé très marécageux, et la rando proportionnellement ardue... à tel point que partis en tête, Seb et moi avons rapidement distancé les autres... pour finir par les perdre tout à fait.

Pour finir, nous avons tous les deux atteint le fameux lac, pique-niqué à l'abri des arbres dans un charmant sous-bois, avant de nous perdre joyeusement dans la forêt... hihihi ! Les autres, pendant ce temps, ont quant à eux renoncé après moult chutes dans les ruisseaux, entre autres réjouissances auxquelles - je vous rassure - nous n'avons pas échappé ! Finalement, nous les avons rejoints sur la fin, et avons donc bouclé ensemble cette balade que je ne suis pas prête de refaire !

Pendant ce temps, les trois compères restés à bord n'eurent pas non plus le temps de s'ennuyer, car vers 13 heures, un nouveau voilier est entré dans la baie... et est parti s'échouer dans les cinq minutes qui ont suivi, entraînant une magistrale opération de sauvetage mettant à contribution les 4 autres bateaux présents !

Finalement, c'est à l'aide du puissant guindeau de Fernande que le pauvre bateau hollandais a été sorti de cette mauvaise passe, au terme de trois heures de manoeuvres ! De notre côté, nous n'avons assisté qu'à la fin des opérations, mais d'après les dires de nos amis, le spectacle du pauvre bateau couché sur le banc sous des rafales de plus de 50 kn était des plus impressionnants !

Ce matin en tout cas, l'ambiance était plus calme, quoique toujours pluvieuse, et nous avons donc mis le cap sur Pia, où nous devrions rentrer d'une minute à l'autre pour aller nous nicher à caleta Beaulieu, juste au pied du glacier... que l'on ira chatouiller, qui en annexe, qui en kayak !

La plus belle partie du voyage commence donc sans doute pour nous aujourd'hui, avec une succession de glaciers à découvrir dans les jours qui viennent, et c'est promis, de belles histoires à vous conter !

D'ici-là, je vous souhaite à tous un excellent week-end !

Salutations glaciaires,

Juliette pour l'équipage de Paradise

jeudi 25 février 2010

Chevauchée sauvage au pied du glacier Jerka


Jeudi 25 février 2010

Position : 54°51'S
68°48'W

Au mouillage à Caleta Ferrari, Seno Yendegaya

Bonjour !

Nous avons passé hier une journée fabuleuse, qui restera sans doute parmi les plus belles, si ce n'est la plus belle de tout notre périple. Une fois n'est pas coutume, le soleil nous a gâtés de sa présence une bonne partie de la journée... rien que ça déjà, c'est pas mal ! Mais, je m'emballe, et oublie de vous narrer le voyage depuis Navarino...

Ce dernier fut ma foi sympathique, mais toujours musclé, avec un vent d'Ouest (sinon c'est pas drôle !) qui soufflait toujours à 25/30 kn, rendant une fois de plus notre progression assez difficile. Bord après bord néanmoins, et sous le soleil encore, l'entrée du fjord de Yendegaya s'est offerte à nous, et c'est finalement vers 16 heures mardi que nous avons jeté l'ancre devant l'estancia à Caleta Ferrari.

La plupart des équipiers sont alors descendus à terre se promener, tandis que de mon côté je montais - encore - dans le mât afin d'aller riveter de nouveau le rail de grand-voile qui a la fâcheuse habitude de s'arracher du mât. Une trentaine de rivets plus tard, ma perceuse était déchargée, et j'ai donc dû reporter au lendemain la fin des réjouissances ! Mais à ma descente, une belle surprise m'attendait, car mes amis randonneurs m'avaient cueilli un beau bouquet... de marguerites (ceux qui me connaissent bien souriront) !

Hier donc a eu lieu la traditionnelle balade à cheval, à laquelle cette fois tout l'équipage a participé ! On saluera d'ailleurs la performance, car sur 6, trois n'étaient jamais monté sur un cheval... et ils ont tout de même débuté par une randonnée de 5 heures avec en prime quelques petits galops en fin de promenade ! Tout le monde s'est en tout cas bien régalé, et une fois encore, nous étions tous sous le charme du gaucho José et de sa compagne Anemie, qui montent tous les deux superbement. Nos hôtes ont insisté pour que nous testions Arnaud et moi de nouveaux chevaux, mais rassurez-vous, ils ont surtout veillé à ce que j'aie un cheval rapide ! Ma jument s'appellait Loli, et c'est celle que montait José lors de notre précédente ballade... inutile de préciser qu'il s'agit d'un véritable petit bolide, en plus d'être un cheval magnifique !!! Je me suis donc une fois de plus délectée de galops interminables au coeur des paysages grandioses qu'offrent les 40 000 hectares de terrain dont José a la garde... le problème, c'est que ça donne envie de revenir, mais pour plus longtemps !

Après la balade, je suis retournée dans mon mât pour finir mon ouvrage, avant de cuisiner un petit crumble et quelques légumes, car nous étions invités à dîner chez José et Anemie. Ce fut une soirée magique, où nous nous sommes régalés d'une vache abattue quelques jours plus tôt, et cuisinée de main de maître par notre hôte José. Je crois que cette fois, nous avons vraiment eu un aperçu de la vie telle qu'elle est ici... de l'authentique avec un grand A ! Serrés sur deux bancs autour d'une table en bois des plus rustiques, un sabot de cheval en guise de cendrier, quelques dessins de chevaux au mur, trois photos dans un coin, une lampe à gaz au plafond, et surtout la douce chaleur du poêle à bois où l'on cuisine, qui anime la pièce à lui seul ! Les jeunes chiens ont établi leurs quartiers dans la maison... privilège qui leur est réservé, car il y a tout de même 13 chiens en tout, et la maison n'est pas si grande ! Une belle soirée donc, et le début sans doute d'une belle amitié qui dépasse les barrières de la langue, par l'adhérence commune à des valeurs bien plus importantes, et le partage de nos passions. Des fois, on n'a pas besoin de parler pour se sentir bien... chez José, c'est un peu comme ça, même si de mon côté, je commence à me débrouiller très convenablement... et que du sien, il semble moins sauvage qu'avant - ou serait-ce dû au fait que je sois une jeune femme ?!

En tout cas, aujourd'hui, cette belle parenthèse à Ferrari se referme, et nous reprenons notre chemin, a priori en direction de caleta Olla. Le vent semble absent, mais cela se confirmera dès que nous serons dehors, car dans les fjords, il est difficile de se rendre compte vraiment ! Arnaud m'a remplacée dans le bas du mât - eh oui, je me lasse ! Ah, on m'appelle a l'instant pour me dire que je dois y aller !!! A très bientôt donc !

Salutations du mât !

Juliette pour l'équipage de Paradise

mardi 23 février 2010

Mauvais temps dans le Beagle

Mardi 23 février 2010

Position : 54°55' S
68°19' W

Au mouillage à Puerto Navarino

Bonjour !

Décidément, depuis le début de cette croisière, il semblerait que nous soyons poursuivis par la malchance... Après notre fol affalage marteau à Toro et la journée de réparations qui s'ensuivit, nous avons eu une journée de répit dimanche et avons rallié Williams bien gentiment en tirant des bords. Mais hier lundi, alors que nous avions quitté Puerto Williams par grand beau temps, un fort vent d'Ouest s'est levé alors que nous approchions du phare des
Eclaireurs. C'est donc avec 40 kn établis que nous avons continué notre progression dans l'Ouest... et quelques rafales frisant les 50knts, tout de même !

Lassés de prendre des paquets d'eau dans la figure et de ne finalement avancer pour ainsi dire à rien... nous avons finalement abandonné l'idée d'aller jusqu'à Yendegaya et avons relâché hier vers 19h à Puerto Navarino, petit poste de contrôle situé à l'extrémité Nord-Ouest de l'île du même nom. Ce fut donc l'occasion pour nous de découvrir un nouveau mouillage, puisque c'est première fois que nous faisons escale ici, et c'est ma foi très mignon.

En tous les cas, ce fut une grosse journée de navigation, et tout le monde a pu apprécier à loisir les joies du près ! Les barreurs se sont succédé au fil des virements de bord, et à part Olivier, tout le monde y est passé, l'occasion donc de progresser un peu et de s'affûter un peu plus en vue d'un prochain voyage plus lointain ! La soirée s'est déroulée bien tranquillement après un brainstorming impressionnant centré sur le groupe d'eau défectueux (et qui
marche depuis, hourra !!!)... Pour féliciter mes équipiers victorieux de la pompe, je leur ai donc cuisiné des confits de canard, suivis d'un onctueux gâteau de semoule aux raisins.. .c'est pas encore cette fois qu'on va maigrir !

Aujourd'hui, le soleil n'est toujours pas au rendez-vous (mais la pluie si !), et il semblerait que dehors, le vent souffle toujours assez fort. Néanmoins, nous devrions toutefois mettre les voiles d'ici quelques minutes afin de rallier la jolie Caleta Ferrari à Yendagaya, où nous attendent nos amis José et Anémie... et tous les beaux chevaux ! Eh oui, si on arrive suffisament tôt, on compte bien aller de nouveau explorer les alentours sur les superbes chevaux dressés par José... et sinon, ce sera pour demain !

Je vous laisse donc car le mouillage ne va pas se monter tout seul... Rendez-vous donc très vite - cette fois je vais essayer de vous tenir au courant un peu plus souvent - pour le récit de cette chevauchée fantastique, qui promet d'être mémorable !

Salutations Patagones,

Juliette pour l'équipage de Paradise

samedi 20 février 2010

Demi-tour


Samedi 20 février 2010

Position : 55°04'S
67°04'W

A quai à Puerto Toro, village le plus austral du monde

Bonjour !

Les nouvelles que je vous apporte sont assez douloureuses, car pour la première fois depuis notre départ de St-Malo, nous avons dû renoncer à un voyage, suite à une série de conjonctures défavorables, et j'ai donc le regret de vous annoncer que Paradise ne reverra pas l'Antarctique cette année. Nous avons dû faire demi-tour hier matin, après concertation de l'ensemble de l'équipage, et avons donc mis le cap plus vite que prévu vers la Terre de Feu.

Nous avons pris cette décision de rentrer hier matin, à la lecture des fichiers météo, et après concertation de l'équipage. Cela faisait déjà deux jours que nous étions partis, mais depuis le Horn, le vent ne cessait de forcir, et la bascule attendue à l'Ouest ne venait toujours pas. Le résultat, c'est que nous avions donc le vent exactement dans l'axe de la route, et que nous ne progressions pour ainsi dire pas. Ajoutez à cela de la grisaille, un peu de pluie, et le ressenti d'un vent de face soufflant à plus de 30kn, et il est facile de s'imaginer le bonheur que c'est de barrer dans ce genre de conditions ! Mixez tout cela avec le fait que seules deux personnes barraient en plus d'Arnaud et moi, et vous commencez à vous imaginer ce qui peut se passer dans notre tête. Saupoudrez de quelques vomis, d'une légère odeur de gasoil, et enfin baignez le tout d'une humidité maximale, et ça y est, vous êtes avec nous dans le Drake, et redoutez le prochain moment où une main humide et froide va se glisser sous votre duvet en vous appellant sur le pont !

En clair, la météo n'étant vraiment pas favorable avant le milieu de semaine prochaine (tout au mieux), il y avait deux options : continuer et donc imaginer mener le bateau à 4 jusqu'en Antarctique, et retour, avec la certitude que cela serait dur et prendrait beaucoup de temps avec les vents contraires, ou faire demi-tour et aller explorer les canaux de Patagonie. Après une longue réflexion et la consultation de l'ensemble de l'équipage, c'est finalement cette deuxième solution qui a été retenue, et c'est sans doute la meilleure, car cela permettra à tout le monde de vraiment en profiter.

C'est donc déçus que nous avons fait demi-tour et renoncé à nos rêves d'Antarctique, même si au final, il s'est rapidement avéré que c'était réellement la bonne option. En effet, en arrivant à Puerto Toro cette nuit vers deux heures du matin, le coulisseau de latte forcée s'est bloqué, et nous nous sommes retrouvés totalement incapables de descendre la maudite grand-voile. La suite est délectable, vous en conviendrez, puisque j'ai une fois de plus enfilé le harnais, fourré un marteau dans mon ciré, et grimpé gaiement dans le mât pour aller faire descendre le coulisseau récalcitrant. Croyez-moi ou non... j'ai passé plus d'une heure dans le mât pendue à mon baudrier à quelques encablures du port, à taper aussi fort que je pouvais avec mon petit marteau sur mon pauvre coulisseau de grand-voile, qui descendit donc, centimètre par centimètre ! Du jamais vu dans nos petites carrières de marin, je pense breveter prochainement cette nouvelle technique, l'"affalage marteau", très réjouissante pour les équipiers postés en bas, mais moins pour le singe que je suis !
Enfin, il nous a suffi de nous imaginer avoir à faire la même chose avec 50kn de vent en Antarctique, et on a tout de suite le sentiment d'avoir pris la meilleure décision hier matin, alors que nous tournions le dos à la Péninsule le coeur serré.

Aujourd'hui, les 4 barreurs avaient petite mine au réveil, mais la vie reprend son cours, et chacun reprend du poil de la bête à sa manière. Arnaud et Seb sont partis dans un grand nettoyage, les autres sont partis se balader, les crabes sortent tout juste de l'eau bouillante, et moi... bah va falloir que je me mette à préparer le déjeuner ! Après une session bricolage prévue sur la GV cette après-midi, demain, nous mettrons donc le cap vers Williams, avant d'aller explorer les recoins merveilleux des bras Sud et Nord du Beagle, à la découverte des glaciers de Patagonie. Et rassurez-vous, cela promet d'être une superbe croisière !

Salutations Fuégiennes, donc !

Juliette pour l'équipage de Paradise

mercredi 17 février 2010

Deuxième départ pour l'Antarctique


Mercredi 17 février 2010

Position : 54°56'S
67°37'W

Amarrés au Micalvi, Puerto Williams

Bonjour !

Paradise et son nouvel équipage ont remis le cap au Sud hier... pour de nouvelles aventures ! D'ailleurs, pour Jean-Bernard et Philippe, l'aventure a commencé plus tôt que prévu, la neige sur Nice ayant totalement chamboulé leur plan de vol. Après avoir raté leur connexion d'avion à Madrid, les pauvres ont carrément dû racheter des billets, pour se trouver en surbooking sur un vol qu'ils n'ont donc pas pu prendre... puis ils ont enfin constaté qu'il n'y avait plus de vols entre Buenos Aires et Ushuaïa... ! Ils ont donc dû louer une voiture depuis El Calafate, et sont donc arrivés hier en fin d'après-midi à bord, après une route éprouvante et un voyage pour le moins inoubliable !

Heureusement pour eux, les autres équipiers sont eux arrivés sans encombre à bord, le premier samedi, et les autres dimanche. Comme la vie est tout de même bien faite, nous avons occupé largement nos journées en attendant nos camarades de jeu, qui se débattaient dans les affres des aéroports et autres agences de location... Lundi, nous avons donc couru les boutiques à Ushuaïa pour dénicher la perle rare : un beau panneau de pvc transparent, que nous avons
immédiatement transformé en double-vitrage pour éviter la condensation sur nos hublots. Et puis de toute façon, la météo n'était pas très réjouissante avant aujourd'hui, alors finalement, retard ou pas, nous aurions attendu un peu avant de remettre les voiles !

Nous attendons à l'heure qu'il est l'immigration, après quoi nous projetons de faire le plein de gasoil, puis enfin de partir en direction de la péninsule, en priant pour que le grand vilain Drake soit clément avec nous ! Aujourd'hui, le soleil brille sur la Terre de Feu, et on s'en demanderait presque si on est bien ici, dans cette région battue par le mauvais temps, tellement l'air est doux. Je vous rassure, on en profite, car on sait bien que cela ne durera pas !

Ce soir donc, nous entamerons la traversée, les quarts, et renouerons pas trop vite on l'espère avec l'humidité, le froid, et toutes les réjouissances qui sont liées à la navigation dans les mers australes ! D'ici-là, je vous dis à très bientôt, et vous souhaite une bien belle journée !

Salutations australes,

Juliette pour l'équipage de Paradise

samedi 13 février 2010

Ils ont plié la trinquette sur le quai...


Samedi 13 février 2010

Au port à Ushuaïa

Bonjour à tous !

Nous voilà donc rentrés à Ushuaïa, au terme d'une superbe croisière de 12 jours au cours de laquelle nous nous sommes tous véritablement régalés !

Mais je me dois de reprendre le récit de nos aventures là où je vous avais laissés mercredi, soit à caleta Olla. Jeudi, le vent soufflait toujours bien fort, et nous avons fait un retour express vers Puerto Williams, escale obligatoire pour quitter le Chili avant de rejoindre l'Argentine. Le vent soufflait à 35kn environ, avec de belles rafales, de quoi faire presque surfer notre beau Paradise... avec tout de même des pointes à plus de 11kn sous trinquette seule !

A midi, nous avons embarqué une passagère supplémentaire, une sympathique jeune femme Belge qui vit avec un gaucho Chilien à Yendegaya, et qui cherchait un bateau pour rentrer à Puerto Williams pour affaires. L'occasion pour moi de papoter un peu entre filles...

Hier donc, nous avons quitté Williams pour rentrer à Ushuaïa, où nous attendaient les épouses de Patrick, Thierry N, Denis et Bruno. Pour fêter cette belle croisière, les retrouvailles avec les femmes, et toutes les bonnes parties de rigolade ensemble ces douzes derniers jours, nous sommes allés dîner Chez Manu, sans doute le meilleur restaurant d'Ushuaïa, avec une vue spectaculaire sur le Beagle. Comme toujours là-haut, le dîner fut excellent, et c'est donc heureux et bien fatigués que nous sommes allés nous coucher hier soir !

Nouveau départ donc pour nous mardi, avec de nouveaux équipiers qui devraient commencer à arriver dès demain, et d'autres lundi si leurs retards d'avions cessent de s'aggraver ! De toute façon, la météo est mauvaise, alors le départ n'est pas possible avant mardi...

D'ici-là donc, je vous souhaite un bon week-end, au cours duquel je trouverai bien un moment pour vous glisser quelques photos ! Ah, et oui, j'oubliais... cette fois les équipiers ont trouvé le titre !

Salutations Ushuaïaennes ?!

Juliette pour l'équipage de Paradise

jeudi 11 février 2010

"Les équipiers n'ont pas trouvé de titre"


Mercredi 10 février 2010


Position: 54°56'S

69°09'W


Au mouillage à Caleta Olla


Bonjour !


Nous avons quitté ce matin le très beau mouillage de Caleta Beaulieu, niché au creux du bras Est de seno Pia, qui offre une vue spectaculaire sur un glacier grandiose. Grandiose, c'est sans doute un des mots les plus adaptés pour décrire les paysages qui nous entourent... On ne peut pas en dire autant du talent de mes équipiers pour me pondre une contrepéterie en guise de titre pour ce message ! Je suis un peu dure, car il vrai que depuis le début, ils font très fort...


Bon bref, hier, nous avons donc profité des merveilles du seno Pia, nous rendant au pied du glacier dans la matinée, puis allant sagement nous garer dans le bras Est, prêts à affronter le vilain coup de vent de SW annoncé. Ce dernier s'est finalement fait attendre, pour n'arriver qu'en milieu de nuit. En revanche, la pluie, elle, nous a fait part belle, et a gagné 10 contre un, nous cloìtrant tous à bord toute l'après-midi !


Aujourd'hui, nous avons profité de la belle brise restante d'une trentaine de noeuds pour fondre sur caleta Olla sous foc seul à 9kn. C'est un excellent mouillage également, d'où nous avons organisé une petite randonnée sous la pluie pour aller contempler... encore une fois me direz-vous... un glacier ! Leretour en annexe fut mémorable, surtout pour Bruno, qui a mouillé ses fonds de culotte assez largement... je ne parle pas de moi et de mes bottes qui furent bien remplies... les malheureuses victimes cherchant actuellement désespérement à sécher... l'espoir fait vivre !


Ce soir, Saint Arnaud, nous avons trinqué à la santé du Horn (et à celle de mon mari et capitaine chéri - of course !), et une fois de plus profité des douceurs de la viande argentine... Y a pas à dire, elle est plutôt belle la vie !


Sur ce, je vous dis à très bientôt !


Salutations Patagones,


Juliette pour l'équipage de Paradise

mardi 9 février 2010

Sauve qui peut !


Mardi 9 février 2010

Position : 54°55'S
69°34'W

Cap: 305°

Vitesse : 7kn

Garde-robe : Moteur

Bonjour !

Nous avons quitté il y a peu le charmant mouillage de caleta Morning, dans la Baie Romanche, qui doit son nom au navire français d'exploration commandé par Martial et à qui l'on doit moult découvertes dans la région lors de son expédition de 1882-83, dans le cadre de la première année polaire internationale.

Après une belle petite randonnée hier soir qui offre des points de vue spectaculaires sur le Beagle et ses glaciers majestueux, nous avons dîné gaiement autour d'une table bien garnie... au menu hier soir : Cake aux olives et poivrons, Filet de Boeuf et Gratin Dauphinois, Tarte Tatin en dessert !

Au cours du repas, le baromètre a amorcé une descente inquiétante, et notre voisin de mouillage est venu m'annoncer que le dernier bulletin météo reçu ne laissait rien augurer de bon. Et en effet, ce matin, notre baromètre est descendu à 945Hpa... une valeur record !!!

Autant vous dire qu'on ne fait pas les malins, et que c'est à fond que nous rejoignons Pia, où nous allons nous abriter en vue du coup de vent qui promet d'être mémorable !

Nos rêves de déjeuner tranquille au pied du glacier s'évanouissent, et nous sommes donc plutôt en mode sauve-qui-peut, et pourvu qu'on arrive à temps pour être bien amarrés dans un mouillage bien sûr, histoire de passer cette épreuve sans bobos !

La suite donc demain sans doute... en espérant que tout se passe bien pour nous ici... en même temps, y a pas de raison !

Salutations venteuses,

Juliette pour l'équipage de Paradise

lundi 8 février 2010

Galop en Terre de Feu !


Lundi 8 février 2010

Position : 54°55'S
68°42'W

Garde-robe : Moteur

Cap: 200°

Vitesse : 5kn

Bonjour !

Tout d'abord, je m'excuse du manque de nouvelles de ce week-end, il se trouve que nous avons enchaîné deux belles journées, et que le temps nous a manqué pour vous raconter tout ce que nous venons de vivre : je vais donc devoir le faire en accéléré ! Nous avons donc quitté Williams samedi en fin de matinée, après une petite opération de maintenance sur notre grand-voile, et un petit tour dans le mât pour moi... pour aller, une fois n'est pas coutume (?!), réparer le lazy jack - ce dernier est de plus en plus lazy et casse désormais pour un oui ou pour un non !

Notre bonne étoile en tout cas était toujours bel et bien là, puisqu'au moment où nous avons largué les amarres, le vent a tourné... à l'Est, fait des plus rares ici dans le Beagle ! C'est donc à la voile que nous avons rallié Yendegaya, où nous sommes arrivés vers 19h samedi soir, au terme d'une navigation au portant ma foi très sympa. Le mouillage de Caleta Ferrari nous a paru toujours aussi beau, et bien que le ponton ait disparu, nous avons vite retrouvé nos repères et avons lâché l'ancre juste devant l'estancia, avant d'aller rendre une rapide visite à José, le gaucho qui garde les lieux, et à sa femme Anémie, qui étaient momentanément accompagnés d'un ami, Patricio dit Pato.

Le lendemain, nous sommes partis à 6 faire une randonnée à cheval, en compagnie des maîtres des lieux et de leur ami Pato. Certains n'en menaient pas large lorsque nous avons débarqué, et qu'ils ont constaté que les chevaux que nous nous apprêtions à monter étaient encore plus ou moins sauvages... C'est donc moi qui ai hérité du plus fougueux de tous, un beau cheval noir avec les pattes blanches, singularité qui lui a d'ailleurs donné son nom ! Rapidement cependant, tout le monde s'est habitué à ce nouveau mode de déplacement, et c'est au coeur d'un décor extraordinaire que nous avons progressé jusqu'au plus près d'un magnifique glacier niché au fond de la vallée. Ce furent 3 heures extraordinaires au cours desquelles les paysages se succédaient alors que nous traversions des rivières, marchions au pas dans la forêt, à l'affût des branches fourbes, ou encore contemplions la beauté de la vie au coeur de vastes plaines. Arrivés non loin du glacier, nous nous sommes arrêtés pour pique-niquer, et faire un petit tour à pied afin d'aller voir de plus près ledit sérac.

Au retour, les gauchos m'ont finalement donné la permission de galoper, et je dois vous dire que mon cheval ne s'est pas vraiment fait prier ! C'est à grande vitesse que je suis rentrée à l'estancia, et aux anges évidemment, même si j'avoue que par moments, la fougue de mon cheval m'inquiétait un peu. Il m'a tout de même fait sauter par dessus des rivières et traverser des morceaux de forêt sans jamais ralentir, et même si je me débrouille à peu près, on ne peut pas dire non plus que je sois un cavalier hors pair ! Pour couronner le tout, José le gaucho s'est piqué de faire la course avec moi... ce qui m'a valu sans aucun doute le record de vitesse absolu, mais aussi d'être entièrement couverte de boue, mon cheval étant littéralement dans les talons du sien alors que nous franchissions une des nombreuses rivières jalonnant le parcours !

Vous l'aurez compris, nous nous sommes régalés hier, tandis que nos trois compères nous attendaient bien sagement sur le bateau ! Aujourd'hui, nous repartons dans l'Ouest, à l'assaut des glaciers, et sous un soleil de plomb, cerise sur le gâteau ! Nos muscles courbaturés se remettent gentiment de la chevauchée sauvage d'hier... et finalement, tout le monde arrive à s'asseoir sans problème ! La vie est donc des plus belles sur Paradise, et la Terre de Feu nous sourit - ce que nous lui rendons d'ailleurs bien !

On vous souhaite donc autant de plaisir chez vous là-bas, et vous envoyons de belles pensées patagones !

Salutations hippiques,

Juliette pour l'équipage de Paradise

vendredi 5 février 2010

Cap Horniers !


Amarrés au Micalvi, Puerto Williams

Vendredi 5 février 2010

Position : 54°56'S
67°37'W

Bonjour !

C'est un nouvel équipage que j'ai à bord de Paradise, puisque depuis 14h environ hier, ils sont tous Cap Horniers ! Et ma foi, on peut dire qu'ils le sont vraiment, car hier, c'est un Cap Horn à la hauteur de sa réputation que nous sommes allés voir, avec un bon vent de Sud-Ouest de 35-40kn, et la mer qui va avec ! En prime, ils ont bien contribué à la remontée des statistiques de vomi avec 3 performances hier, soit pas loin de 40% de l'équipage touché par le mal de mer. Rassurez-vous, l'équipage étant excellent sous tous rapports, ils avaient tous le vomi joyeux, et cela n'a en rien entamé leur appétit lorsqu'il s'est agi d'aller fêter l'évènement le soir au Micalvi !

Mais reprenons, nous nous étions quittés à Toro, alors que nous faisions route vers le mythique Cap, auquel nous avons finalement renoncé mercredi... estimant qu'il manquait vraiment de vent pour aller saluer le Horn comme il se doit ! Ce qu'on ignorait en revanche, c'est que le lendemain, donc jeudi, c'est le vent trop fort qui manquerait de rendre impossible notre pèlerinage. Enfin, tout est bien qui finit bien, nous sommes allés voir le lieu tant redouté malgré les conditions difficiles, avons goûté les embruns avec délice, et tout frais Cap Horniers, nous avons enchaîné par une grande navigation de gros temps qui nous a ramenés d'un seul coup à Williams dans la journée ! Du jamais vu encore pour nous autres marins habitués au circuit... partis à midi, rendus à minuit quasiment, à une moyenne proche de 8kn, des surfs magiques à plus de 10kn, et des souvenirs plein la tête ! A notre arrivée, nous sommes allés trinquer avec nos amis au Micalvi... ce qui fait qu'aujourd'hui, quelques-uns d'entre nous étaient bien fatigués !

Néanmoins, l'équipage est parti aujourd'hui en randonnée, emmenés par Pierre, le montagnard du bord, et guide improvisé pour la journée. Nous autres petits marins nous contentons de l'éternel bricolage, ménage, et avons aussi organisé le ravitaillement en gasoil, une aventure en soi en Amérique du Sud ! Il faut prévoir au moins une demi-journée rien que pour ça, et s'armer de patience tout en affichant un sourire radieux, faute de quoi le résultat n'est en général pas brillant. Théoriquement, après avoir réussi à obtenir une autorisation de l'armée d'utiliser leur quai, nous devrions donc d'ici une heure déplacer le bateau, et une fois au quai militaire, nous devrions nous faire livrer par camion 500 litres de gasoil, avant de revenir nous amarrer au bon vieux Micalvi. Evidemment, il faudra signaler le moindre de nos mouvements à l'armada, de l'ordre de 500 mètres environ, mais c'est un détail... son cosas patagonicas !

Demain, nous ferons route vers les glaciers, et notre première étape devrait être Yendegaya, un fjord qui se situe juste avant la séparation du Beagle en deux bras. Là, nous présenterons à nos équipiers le gaucho et maître incontesté des lieux, José... une légende dans le coin ! Selon le temps et la volonté de chacun, ceux qui le souhaitent pourront de là partir pour une randonnée à cheval inoubliable, qui les amènera au pied du glacier... et en général, les journées se terminent par une bonne petite fête le soir en rentrant !

La suite promet donc d'être aussi délicieuse que le début, et on a donc tous hâte de repartir ! Promis, je vous tiens au courant ! D'ici là, je vous souhaite une excellente soirée !

Salutations fuégiennes,

Juliette pour l'équipage de Paradise

jeudi 4 février 2010

A quelques milles du Horn...


Mercredi 3 février 2010

Position : 65°49'S
67°18'W

Au mouillage à Caleta Martial

Bonjour !

Nous avons quitté Puerto Williams avant-hier en direction de Puerto Toro, que nous avons rallié hier vers 19 heures. Nous avons été agréablement surpris sur place de retrouver nos amis du Boulard entre autres, qui revenaient tout juste d'Antarctique. La deuxième bonne surprise, c'est qu'ils ont reconstruit le quai à Toro ! Vous me direz, le petit port le plus austral du monde a dû perdre de son charme, mais je vous rassure, l'herbe repousse déjà entre les lattes du bel ouvrage à peine achevé...

Nous avons donc immédiatement procédé au traditionnel troc avec les pêcheurs, et avons récolté une bonne vingtaine de Centollons, les petits frères des Centollas, ou King Crab (araignées géantes). A leur retour de randonnée, nos équipiers ont donc été agréablement surpris par un repas de fête : Centollas en entrée, épaule d'agneau, et crumble pommes-pêche en dessert ! Après tout ça et les bons petits vins argentins qui sont de mise pour accompagner tous ces bons mets, nous nous sommes bien vite glissés dans les bras de Morphée (il a de gros bras quand même !).

Ce matin, nous nous sommes levés tôt avec comme objectif d'aller virer le Horn... objectif non atteint finalement : le manque de vent ayant eu raison de notre patience, nous avons décidé de nous arrêter à une dizaine de miles du mythique Cap, à Caleta Martial. De toute façon, si on le passait aujourd'hui, ça sentait la risée Perkins... alors autant attendre demain voir s'il y a plus de vent !

Du coup, nous sommes allés faire un tour à terre. Après un embarquement et débarquement à la plage mémorables, notre fier équipage a eu la belle surprise de tomber nez à nez avec deux animaux peu communs dans la région : un Phoque Crabier, et un Manchot Royal. Ce dernier s'est même livré à de belles démonstrations de sympathie envers les 7 pingouins que je venais de débarquer, et s'est offert avec délice à leurs objectifs endiablés !

Pendant ce temps, je cuisinais à mon adorable équipage un fondant aux pêches, que je leur ai servi accompagné d'une sauce à la menthe de Puerto Toro, après un repas encore bien sympathique... filet de boeuf ce soir ! Et dire qu'il y en a qui croient qu'on ne mange que des pâtes sur un bateau...

Demain, nous devrions passer le Horn dans la matinée. C'est un instant que je redoute toujours, car comme le veut la légende, lorsqu'on devient Cap Hornier, on a le droit de, pardonnez-moi l'expression, "pisser au vent"... ce dont en général ne se privent pas les équipiers du bord... et qui est, tout de même, franchement dégueulasse et vraiment idiot ! On verra donc demain si la légende l'emporte sur la raison...

C'est donc demain le grand jour pour la majorité de l'équipage, qui rejoindra le cercle très fermé des Cap Horniers... je vous invite donc à croiser les doigts pour nous, et à nous envoyer des vents favorables... car aujourd'hui, Eole ne voulait pas nous amener au fameux caillou. Demain en tout cas, vent ou pas, pluie ou beau temps, nous irons ! Cap Horn nous voilà !!!

Salutations des Wollastons,

Juliette pour l'équipage de Paradise

mardi 2 février 2010

Nouveau départ !


Mardi 2 février 2010

Position : 54°56'S
67°31'W

Amarrés au Micalvi à Puerto Williams

Bonjour !

C'est avec un nouvel équipage que nous avons rallié hier Puerto Williams, après une sympathique navigation au portant et sous le soleil Fuégien. Je suis cette fois la seule femme à bord, avec 8 hommes ! Heureusement, et fort curieusement d'ailleurs, il semblerait que nos nouveaux équipiers soient à la fois sympathiques et amusants, ce qui, il faut l'avouer, est tout de même assez rare pour un homme !

Le but de ce voyage cette fois est donc d'aller passer le mythique Cap Horn, avant d'aller à la découverte des magnifiques glaciers de la cordillère Darwin. Aujourd'hui, nous devons commencer par aller à la Capitainerie obtenir un permis de navigation pour la zone, après quoi nous mettrons les voiles (non, non, pas la vapeur !) en direction selon toute vraisemblance de Puerto Toro, petit village de pêcheurs.

Comme à l'inverse, il y a des signes qui nous annoncent que l'on va sans doute faire un superbe voyage... à commencer par la météo ! Aujourd'hui comme hier, le soleil règne en maître, et cela semble parti pour durer ! Nos gentils équipiers (je le souligne, c'est rare !) se préparent en ce moment à aller faire un tour à la réserve indienne non loin d'ici, Villa Ukika, où ils croiseront peut-être la dernière descendante des indiens de la région, les Yamanas.

Le pisco d'hier soir au Micalvi ne semble pas donc avoir touché durement les nouveaux arrivants... seul un équipier se plaignait d'un léger mal de tête, qu'on ne saurait par conséquent attribuer à l'excellente (?) boisson locale ! Bizarrement, ils ont tous cru voir en sortant des Rossignols du Caroubier...

Je m'arrête donc ici pour aujourd'hui, le devoir m'appelant ! Je vais tenter à grands coups de sourires et avec mon meilleur espagnol de dégotter un permis de navigation ne nous obligeant pas à une escale ici entre le Cap Horn et les glaciers... verdict demain sans doute !

D'ici là, je vous souhaite d'autant profiter de la vie que nous ici ! A très bientôt pour la suite de nos aventures !

Salutations Patagones,

Juliette pour l'équipage de Paradise