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jeudi 28 novembre 2013

Novembre vers le cap horn

Notre dernière croisière vers le cap Horn et les canaux, s'est très bien passée, malgré une météo fraîche et humide. Nous avons eu droit à une descente vers le cap mythique, musclée (avec des rafales jusqu'à 50 nœuds), mais après une nuit d'attente à calleta Martial, les conditions étaient parfaites pour aller virer le caillou et trinquer au Champagne! Pour la deuxième partie du voyage, nous sommes allés voir notre gaucho préféré pour une balade à cheval sous le soleil mais aussi la pluie; un peu comme en Bretagne, on a dans cette région toutes les saisons dans une même journée. Et c'est sous la neige que nous avons descendu le Beagle pour aller observer les glaciers. Ce n'est pas facile de naviguer dans ces conditions, mais quel bonheur d'admirer ce paysage noir et blanc surplombé par des sommets recouverts de neige fraiche. Les nouveaux équipiers sont arrivés et le bateau est plein à craquer de vivres pour notre prochaine expédition vers l'Antarctique. A priori, demain, les conditions s'améliorent pour notre traversée de 500 miles vers le Grand Sud.
A bientôt.
Morgane et l'équipe de Paradise

De Punta Arenas à Ushuaïa

Après la descente depuis Punta del este, nous avons passé une semaine à Punta Arenas. Les premiers abords de la ville ne sont pas très attirants, les bâtiments sont gris et glauques et comme la région, c'est la ville du vent. Le port n'est pas du tout fait pour les voiliers: le quai est énorme et les places disponibles sont en priorité pour les gros bateaux. On se faisait régulièrement virer du quai, obligés de retourner dans notre mouillage exposé aux violentes rafales qui dévalent la plaine de Punta Arenas et à la houle serrée qui rendait la vie à bord insupportable. Mais à part ça, on commençait à se sentir bien dans cette ville Patagonne, on avait nos repères (café, bars, petits restos sympas, ...) et on trouvait les chiliens de plus en plus accueillants. Nous voilà enfin repartis après cette petite semaine citadine. Et c'est avec plaisir que nous avons rencontré nos nouveaux équipiers. Une fois de plus , c'est un melting pot intéressant qui va cohabiter une bonne dizaine de jours sur Paradise; mais cette fois Franco-Anglosaxon. Ils sont une bande de potes rugbymen, décidés à explorer le labyrinthe des canaux, jusqu'à Ushuaïa et à passer comme les grands :"le cap Horn par large". Cet itinéraire peu fréquent (généralement les bateaux préfèrent passer entres les iles, plus protégées des fréquents et forts vents d'ouest), a été soumis à examen de la part des autorités portuaires chiliennes qui nous ont finalement  donné leur accord. Pendant la première semaine nous avons eu un temps pourri: beaucoup de vent et de pluie. Mais on se disait pour se rassurer que les canaux sous un grand soleil ...ne seraient pas les canaux. Effectivement il pleut plus de 300 jours par an dans la partie nord de la terre de feu, le sol est une vraie éponge. Mais le mauvais temps ne nous a pas empêché de faire de bonnes balades, parfois "extrêmes". Nos buts étaient la découverte des lacs que l'on repérait sur la carte et qui étaient (plus ou moins) près du mouillage. Mais les cartes marines, ce ne sont pas des cartes de randonnées, et il n'y a quasi aucune infos sur le relief. Résultat, on ne savait pas trop ce qui nous attendait avant le départ de ces mini- aventures. Une fut épique, au Seno chico, Nous nous sommes retrouvés à faire du pseudo "alpinisme de basse altitude", dans un décor pas très propice et sans matos: Taux d'humidité "300 %", sol ultra glissant et prises en mousse (au premier sens du terme car ce joli végétal constitue la majorité de la flore locale). Et au final, nous avons dû  renoncer à notre but : le lac était inaccessible... on aura tout tenté, en vain. La marche de la veille avait sélectionné les plus téméraires et malgré quelques frayeurs on s'est bien marrés et on gardera plein de bonnes images de ces décors fantastiques. Ces escales à terre nous ont aussi fait découvrir un petit échantillon de la faune Patagonienne. Dont les majestueux condors, qui tournoient au dessus de nos têtes, comme s'ils nous prenaient pour de vulnérables proies. Côté navigation, là aussi ça a aussi été extrême, comme fréquemment dans les "cinquantièmes ". Après une semaine à se faire secouer à Punta Arenas, nous nous sommes pris de bons coup de vent, allant parfois jusqu'à 60 nœuds. Mais l'équipage à l'aise sur Paradise, a apprécié le spectacle grandiose, au portant, avec ce vent d'Ouest du Grand Sud. Les barreurs se sont régalés, tout en essayant de battre le record de l'autre: 15, 16 nœuds, avec trinquette seule, ça fait toujours plaisir! Au fur et à mesure de notre descente, le ciel s'est éclairci et à la fin du voyage nous avons eu un temps de rêve. On a pu enlever des épaisseurs et le bateau a pu sécher. Certains ont même profité d'un petit vent tiède venant des terres pour se baigner au mouillage de Yendegaya. Cette escale fut d'ailleurs ( pour moi en tout cas ) , une des meilleures de tout le voyage. Le mouillage est en face de l'estancia de José: The Gaucho. Il possède une vingtaine de chevaux. Et il offre la possibilité de faire des balades d'environ 3 heures. Et avec cette équipe d'énervés, on a encore passé un super moment, traversant une grande plaine irriguée par une rivière, dominée au loin  de son glacier, tout ça entouré de montagnes et de quelques groupes de chevaux sauvages, on était dans un rêve! On se souviendra aussi des galops mémorables (avec le lendemain de bonnes courbatures! ). Cette croisière a failli être parfaite mais malheureusement nous avons eu quelques problèmes techniques : La grand voile s'est déchirée, un winch s'est cassé et un axe permettant de maintenir les bas étais s'est fendu. Comme souvent , tout s'est enchainé, problèmes après problèmes, un semaine avant la descente vers le cap Horn, le leitmotiv de nos rugbymen! Le passage du cap mythique fut alors compromis. Mais grâce à une équipe super motivée et de bons bosseurs, la voile a été parfaitement réparée, mieux que chez un voilier! Et le winch a lui aussi bénéficié d'une remise en état, il est comme neuf. Mais n'ayant pas l'axe adéquat, nous n'avons rien pu faire pour le mât. Élément vital de tout voilier, nous avons préféré renoncer au passage du cap mythique. D'autant plus que les prévisions météo annonçaient des rafales entre 30 et 40 nœuds, au cap Horn. Le moral des troupe à pris un petit coup dans l'aile, mais de bons moments de rigolade et la beauté des canaux, tout ça avec du soleil, nous on permis de relativiser et de profiter de chaque moment présent qui furent souvent magiques. Le contraire serait dommage dans un des plus bel endroit du monde! Ce voyage s'est terminé avec le passage obligé au Micalvi, le fameux bar de Puerto Williams, qui se trouve dans une épave renflouée et super bien restaurée. Soirée bien arrosée. Le lendemain Paradise a filé vers Ushuaia, son port d'attache pour la saison.

Punta del Este to Punta Arenas; Octobre 2013

Punta del Este to Punta Arenas: 1250 miles Avec les Uruguayens: Pablo Jorge y Eduardo et les Français: Jean Yve et Ejvin, Paulo, Morgane et Arnaud Nous voilà arrivés à destination après 10 jours de mer. Avec de bonnes couleurs et le sourire aux lèvres, on se raconte les anecdotes du voyage autour d'une bonne Austral Calafate, la bière de Patagonie. Cette traversée a été un sans faute: beaucoup de soleil, du vent portant plus de la moitié du temps et pas trop fort, en tout cas ça a été gérable (et personne n'a été malade). Ce voyage a permi de belles rencontres, enrichies par le mélange des cultures. Nous avons pu travailler, pour les uns et les autres, notre Espagnol et notre Français; dictionnaires et guides de conversation à porté de main et un Eduardo trilingue qui intevenait quand les mots manquaient. Il y a eu aussi de bons fous rires, surtout à l'heure de l'apéro, on se souviendra de Patrica: La blonde Uruguayenne! Et d'autres belles rencontres: baleines Franches (aperçues au loin et qui semblaient en pleine parade de séduction... c'est la saison des amours ici!), pétrels et Albatros à sourcils noirs- La faune du Grand sud; oui, on y est! Côté navigation, chacun a bien tenu son rôle: Les équipiers, le capitaine et le bateau, ont su répondre aux exigences de chacun, sans casse et avec plaisir. Les Uruguayens font partis du club de voile de Punta del Este et les français ont de solides expériences en navigations. Tout le monde a pu participer aux manoeuvres (prises de ris, changements de voiles - de jour comme de nuit ) et nous avons barré dans toutes les conditions. Nous avons aussi eu une introduction à l'utilisation du sextant par Arnaud, qui l'a beaucoup utilisé lors de ses navigations autour du monde. La maîtrise de cet instrument est indispensable pour tout marin qui souhaite naviguer au large, alors c'était le moment de se mettre dans les conditions. Le passage du Détroit de Magellan fut intéressant au point de vue navigation car il peut s'avérer très technique, voire extrême suivant les vents et les courants. Il y a deux passages étroits "Primera Angostura y Seconda Angostura " où les courant peuvent atteindre huit noeuds (à cette vitesse il est impossible pour nos voiliers d'aller contre le courant) et le vent y accélére. L'effet vent contre courant peut élever la mer sur plusieurs mètres. Le passage y est donc parfois impossible. Je vous laisse imaginer le petit moment de stress quand nous avons lu les instructions nautiques. Nous sommes arrivés à l'entrée du détroit à l'aube et avons commencé par tirer des bords avec un léger courant portant au nord, ayant peu d'influence. Et c'est en fin de journée que nous sommes arrivés à la Primera Angostura: Le point critique du détroit. Le timming était parfait : nous sommes arrivés à l'entrée 3h avant la renverse du courant. Au moment voulu le courant était donc avec nous!!! Yes, vitesse de pointe sur le fond : 12 noeuds, let's go straight to Punta Arenas! Le plus difficile était passé. Au niveau de la Secunda Angostura, nous avions 5 noeuds de courant dans le nez; vitesse moyenne 3 noeuds, mais on avancait, c'est ce qui compte! L'option qui nous a aidés fut de longer la côte à 200 m du bord en pleine nuit, car c'est proche des berges que le courant est le plus faible . Et quel bonheur d'arriver à destination au petit matin, sous un beau soleil, toutes voiles dehors, avec un petit vent de travers. Punta Arenas, en bas de ces montagnes enneigées et au bord du Magellan nous semblait magnifique! Ce sont tous ces contrastes qui font le bonheur des marins. Et merci à notre bonne étoile! Car les deux jours suivant, au mouillage, nous avions un vent d'ouest avec des rafales allant jusqu'à 60 noeuds, c'était... rock and roll! Mais Paradise, habitué à de telles conditions, les affrontait fièrement sur son fidèle mouillage. Voilà une croisière qui nous a mis en forme pour ce début de saison, on est prêt pour les canaux! Morgane Ursault