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vendredi 27 décembre 2013

Bienvenu en Antarctique

Aprés une semaine de préparation à 100 à l'heure à Ushuaïa, nous avons enfin largué les amarres. Fin prêts et avec une bonne fenêtre météo, nous voilà partis vers le "monstre " Drake, ce fameux passage large de 500 milles, qui relie la terre de feu à la péninsule Antarctique. La neige est au rendez-vous, on s'habitue aux températures négatives... Les premières 24H de la traversée sont mouvementées et humides, ce qui est une habitude aux alentours du cap Horn, mais les conditions s'améliorent rapidement et nous terminons les 400 milles en toute beauté. Les oiseaux sont nombreux lors de cette navigation et ils donnent une superbe présence, là où nous nous sentons seuls au monde. Ils volent autour du bateau, car nous aussi sommes une présence qui semble leur plaire; Damiers du cap, Antarctique pétrels et southern fulmar, albatros fuligineux remarquables par leur grâce, évoluant le plus souvent en couple, et plus rarement des wandering ou royal albatros (les deux étant très similaires et pas faciles à différencier), ces albatros géants ayant une envergure jusqu'à 3,5 m de large sans oublier les skuas, à l'approche des côtes,  qui viennent nous piquer un peu de notre mouton accroché dehors, à l'arrière de Paradise. Le froid se fait de plus en plus intense (-2°c dans le cockpit), mais jusqu'à là tout va bien ... il fait toujours froid en Antarctique, le contraire serait inquiétant, n'est-ce pas ? On n'est pas là pour avoir chaud! L'eau des embruns s'est transformée en glace salée sur les filières et les écoutes, nous voilà arrivés dans ce monde glacé. Nous apercevons les premières iles de l'archipel des shetlands du Sud vers 21h00 et le soleil brille comme en plein jour. Avec un vent quasi nul, nous naviguons sur une mer lisse et brillante comme du mercure et les dômes glacés de ces premières iles antarctiques, brillent sur l'horizon. Nous voyons notre premier iceberg, de plusieurs centaines de mètres de long et d’une dizaine de mètres de haut. Ce monstre de glace s'élevant au loin, procure en le regardant un émerveillement à la hauteur de sa grandeur. "Magnifique, merveilleux, grandiose, féerique, ... quels sont les mots pour te décrire, lieu sacré? Quand le soleil illumine ces déserts enneigés, un sentiment de puissance nous envahit. On se sent si petit, si vulnérable et aussi si privilégié dans ce paradis indomptable qui rend heureux et amoureux". Voilà ce que j'ai ressenti lors de ma découverte avec ce monde unique. Et quelle chance d'avoir eu ce soleil! Mais attention, de 10 à 15 nœuds de vent tranquille, ça peut monter en 5 minutes à 30 nœuds, on se retrouve alors à slalomer entre les icebergs, growlers (moins de 1 mètre), bergybits (environs 1,5m) et brashice (taille d'un hamster); il ne faut rien lâcher! Paradise réagit super bien et malgré un petit stress on s'amuse à tirer des bords sous grand voile seule dans ce décor exceptionnel. Nous sommes relativement tôt dans la saison et malheureusement nous n'avons pas pu aller dans certaines bases comme celle des anglais à Port Lockroy et celle des Américains à Palmer. Il y avait trop de glaces et pour y arriver,les canaux étaient bloqués. Ayant peu de contacts radio nous n'avons pas eu les bonnes infos au bon moment et la première fois,  nous avons navigué jusqu'à 5 h du matin. Nous nous sommes retrouvés bloqués par une mer de glace de plus en plus dense, à quelques miles de Lockroy et, obligés de faire demi-tour, nous avons regagné un mouillage plus au nord. Au fil des jours les clichés "carte postale" s'offrent à nous: les petits manchots papous, jugulaires et Adélie, perchés sur leurs glaçons, plongent et glissent. Ces petits clowns noir et blanc nous font bien rire. Mais dans l'eau on aperçoit leur grâce et leur puissance et lorsqu'ils sautent hors de l'eau tels, ce sont des torpilles brillantes. Nous avons aussi croisé quelques baleines de Minke et baleines à bosse, mais elles ont été timides et disparaissaient en plongeant, nous laissant apercevoir leur aileron dorsal et leur queue. Les paysages de cette splendide Antarctique ne laissent personne insensible. Nous avons fait quelques belles balades à terre, limitées car le danger des crevasses est partout, qui peuvent nous être fatales. Mais en faisant attention il y a beaucoup de coins faciles d'accès. Et en grimpant un peu dans la neige on arrive vite à des point de vue exceptionnels, avec une superbe visibilité dans cet air pur qu'aucune pollution ne vient perturber. Paysages où le blanc domine avec des montagnes tombant à pic dans cette eau glacée parsemée de glaçons en tous genres. On observe d'ailleurs avec plaisir leurs formes variés, et en laissant libre cour à notre imagination: on peut y deviner des visages et une faune en tous genres: félins, oiseaux, etc...L'Antarctique est habité de ces statues de glace flottante. C'est un voyage merveilleux que nous avons vécu pendant 4 semaines.
A refaire!
A bientôt pour de nouvelles aventures sur Paradise.
Morgane.