Position : 43°25'S
58°56'W
Bonjour !
Le jour s'est levé sur Paradise ce matin au-dessus du 43ème parallèle Sud, dévoilant une visite pour le moins surprenante d'une charmante escadrille d'une dizaine d'albatros ! Emmenés par un albatros Royal, une poignée d'albatros à sourcils noirs suivaient en formation notre beau Paradise, qui a le bon ton de barrer seul depuis cette nuit.
Tout ça doit paraître bien farfelu vu comme ça, donc, je m'explique. Le vent ayant viré au Nord Ouest, nous sommes actuellement au près, allure finalement assez agréable pour nous autres petits marins du grand Sud, puisque le bateau, bien équilibré, tient son cap tout seul, sans que l'on soit contraint de barrer.
Par conséquent, ce matin, au lieu de se perdre dans les méandres du compas, mon esprit avait tout le temps de divaguer au sujet de ce ballet mystérieux que nous donnaient les albatros. J'en ai finalement déduit qu'il s'agissait selon toute vraisemblance de la fête nationale des albatros, qui pour l'occasion, nous offraient un vol de démonstration, avec force virages sur l'aile, feintes d'amerrissage, et parfois même un vol dos ! Non, je plaisante, ils ne nous ont pas fait de vol dos, mais je vous assure que c'est un vrai régal d'observer ces extraordianires oiseaux planer, optimiser sans cesse leur portance, orienter leur plan de voilure... Somme toute, leur vol est tellement élaboré, et leurs démonstrations tellement éloquentes que je suis persuadée que ces braves bêtes se font réellement plaisir à voler ainsi - bon, en tout cas je l'espère !
Enfin, en dehors du spectacle animal, nous ne croisons pas grand-monde dans le coin... sauf hier soir - décidément, les quarantièmes nous gâtent ! En effet, nous avons croisé hier une horde (le terme est sans doute mal choisi) d'immenses bateaux de pêche, illuminés eux aussi comme s'ils partaient au grand bal ! Ces étranges embarcations d'une centaine de mètres sont tellement éclairées qu'on repère leur halo à plus de 25 milles... Cette lumière est destinée à attirer poissons ou calamars, et vu sa puissance, on se dit que les pauvres poissons n'ont pas beaucoup de chance face aux moyens employés par le plus dangereux des prédateurs, l'homme !
Voilà voilà, notre petite vie à bord de Paradise est donc bien tranquille, et on a même retrouvé nos deux équipières, qui sortent enfin de leurs banettes, maintenant que le soleil est de la partie. On attend encore le jour où elles prendront leurs quarts à nos côtés, mais déjà, retrouver leurs sourires et leur appétit à l'heure des repas fait plaisir à voir !
Sur ce, je vous laisse, et vous dis à bientôt, sans doute à la sortie des quarantièmes, puisqu'une fois de plus, nous filons à 9kn, et les milles défilent
rapidement... déjà plus d'un tiers du parcours derrière nous en moins de 5 jours !
Salutations albatrossiènes,
Juliette pour l'équipage de Paradise
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