Du rêve à la réalité

Mercredi 17 octobre 2012 Position : 54°10' S et 36°42' W Mouillés dans la baie d'Husvik Bonjour à tous, Le temps passe très vite pour nous ici en Géorgie du Sud, et depuis mon petit message de lundi matin, nous avons déjà progressé un peu dans notre découverte du lieu. En fin de matinée lundi, nous avons quitté le mouillage où nous avions atterri, manœuvre qui s'est avérée pour le moins délicate,puisque le vent s'est évidemment mis de la partie pour nous rendre la tâche difficile. N'étant pas du genre à se laisser abattre, nous avons persévéré et malgré une météo franchement pas agréable, nous avons fait route vers Grytviken. Pour vous donner une idée de l'ambiance, la température était proche de zéro, le vent soufflait entre 30 et 50 knt (60/100 km/h), et on alternait entre des averses de grêle, de neige, et de rares éclaircies... avec une visibilité quasiment nulle. C'est évidemment le moment qu'a choisi notre radar pour nous lâcher, et nous avons pour couronner le tout dû terminer la navigation de nuit, avec comme invités surprises une myriade de petits icebergs qui se sont invités à la fête, ce qui pour un petit voilier comme nous, ajoute un zeste de stress non négligeable. Avec donc un dernier petit effort de veille et une bonne dose de volonté, nous avons finalement atterri vers 22 h dans la baie de Grytviken, ancienne station baleinière, et lieu où se sont établis la poignée de scientifiques ainsi que les officiers du gouvernement de la Géorgie du Sud. Bien soulagés de trouver enfin un abri, nous nous sommes amarrés à couple de nos amis sur le voilier Pelagic Australis, et avons tous dormi du sommeil du juste. Hier, le jour s'est levé sur la baie de Grytviken, et en sortant sur le pont recouvert de neige, nous avons pu découvrir avec bonheur ce superbe site, illuminé par un soleil magnifique. Une matinée studieuse nous attendait puisque nous devions faire les formalités d'entrée et écouter les recommandations de sécurité données par l'officier du gouvernement, une charmante jeune femme du nom de Jo. Cela fait, nous avons pu pour la première fois mettre pied à terre en Géorgie du Sud, et découvrir enfin le charme fou que recèle cet endroit. Le cadre de Grytviken est étonnant, à la fois beau et évocateur d'une histoire très particulière : quelques quais de bois un peu délabrés (hormis celui sur lequel nous étions amarrés, qui a été restauré), deux superbes épaves de baleiniers, partiellement immergées, et de grands bâtiments industriels rouillés où s'enchevêtrent cuves, courroies et autres restes du passage des chasseurs de baleine côtoient quelques bâtiments restaurés, notamment un superbe petit musée, témoin de cette folle période de chasse, où Grytviken était un véritable petit village qui était même doté d'un cinéma ! Derrière ces restes de civilisation s'élèvent des montagnes, impassibles aux changements brutaux d'activité qu'à connus la baie. Au pied des mêmes bâtiments se prélassent quelques éléphants de mer, mastodontes peu farouches desquels on n'est cependant pas tenté de s'approcher de trop près. Un peu plus loin au Sud se trouve un petit cimetière, célèbre notamment pour abriter la tombe d'un des plus grands explorateurs polaires de l'histoire, Sir Ernest Shackleton, qui trouva la mort ici même en 1922. Sur la route de ce dernier, il n'est pas rare de croiser quelques manchots royaux, très fiers dans leur beau costume. Les logements des personnes vivant ici, 12 au total, se trouvent au Nord de la baie, et c'est aussi un des endroits de prédilection de nos amis les éléphants de mer, qui y ont élu domicile, et sont en ce moment fort occupés à nourrir leur progéniture toute fraîche, les bébés étant tout jeunes, et franchement adorables. Pas besoin d'en dire plus, vous l'aurez compris, la réalité n'a rien à jalouser aux rêves que nous avions avant de venir ici. Ce lieu se mérite, et les conditions sont souvent hostiles, mais lorsque la météo se met de notre côté, c'est un véritable paradis sur terre, et nous sommes tous bien heureux d'être ici et d'en profiter. Ce matin, nous avons quitté Grytviken pour remonter vers le Nord, où nous devrions d'ici quelques jours récupérer Justin, notre équipier manquant, que nous avons réussi à faire embarquer sur le voilier d'amis australiens. Nous sommes donc à Husvik, une autre station baleinière abandonnée, où cette fois la seule présence hormis la nôtre est celle de centaines de rennes et d'éléphants de mer, que tout le monde est parti photographier à terre... et ma foi, nous allons les rejoindre, ce serait tout de même dommage de rater ça ! Je reviens donc très vite vers vous avec les dernières news de Paradise... au paradis ! Salutations géorgiennes, Juliette pour l'équipage de Paradise.