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dimanche 16 août 2009

Ce n'est qu'un au revoir !


Samedi 15 Août 2009

Position : 65°42'N
36°10'W

Garde robe : GV, moteur

Bonjour,

Je vous disais en début de semaine qu'au Groenland, c'était comme si le temps s'arrêtait... et bien, on va dire que c'est sans doute pour ça que je n'ai pas posté de blog depuis, bien que quelques jours soient passés ! Enfin, cela prouve bien finalement qu'on passe de bons moments à bord de Paradise...

Je vous avais donc laissés alors que nous quittions Tiniteqilaq, et voguions vers un nouveau mouillage. C'est finalement à Juliet bay que nous avons mouillé pour la nuit, dans un cadre superbe, au détour d'un fjord, à l'abri de grandioses montagnes. Le lendemain, nous avons rallié Kummiut, un village de pêcheurs un peu plus conséquent que le précédent. Nous avons désespérément tenté d'y pêcher quelques poissons, mais sommes revenus pour ainsi dire bredouilles ! Seule Agnès a réussi à nous remonter quelque chose... je dis bien quelque chose, car s'il s'agissait selon toute vraisemblance d'un poisson, nul ne fut capable de l'identifier, et personne n'eut même le courage d'y goûter!

Jeudi, nous avons donc remis les voiles vers Sermiligaq... façon de parler, puisque depuis notre arrivée au Groenland, nous naviguons au moteur, faute de vent ! Pour parvenir à ce charmant village niché au creux d'une montagne, nous avons emprunté les sentiers détournés, passant entre les montagnes à travers deux fjords spectaculaires, dont l'un cache une surprise étonnante. En effet, au milieu de nulle part, on découvre les vestiges d'une ancienne base aérienne américaine, utilisée dans le temps pour ravitailler les avions, qui n'avaient pas assez de capacité en carburant pour rallier l'Europe. Ainsi, au milieu de cette nature vierge, surgit d'un coup une piste pour le moins surnaturelle surplombant un appontement en ruine, et de-ci de-là quelques restes de ce qui furent sans doute des baraquements, le tout au milieu d'une vallée jonchée de bidons rouillés. Le plus amusant, c'est que finalement, cela n'a plus vraiment rien de choquant ici, lorsqu'on sait que dans tous les villages alentours, les décharges sont malheureusement à ciel ouvert, faute d'autres moyens...

Mais revenons-en à nos moutons. L'expression est mal choisie, car de moutons ici il n'y a point. Les animaux que l'on voit le plus à terre, ce sont les chiens. Des chiens qui tiennent un peu du loup d'ailleurs, qui dégagent bravoure et force et se fondent dans le paysage en renforçant les contrastes de leur élégance naturelle, et qui animent littéralement les villages en fin de journée, lorsqu'ils se font entendre pour réclamer leur dîner en hurlant à la lune. Et que vous dire des innombrables chiots, avec leurs petites bouilles adorables, qu'on ramènerait bien avec nous... Mais leur place est ici, car l'hiver venu, nos amis à 4 pattes reprendront le travail, car ce sont, vous l'aurez compris, des chiens de trait. Les hommes réparent donc les traîneaux pendant la trêve tandis que les bêtes se reposent, et ainsi va leur vie, tant qu'il y aura de la glace, évidemment.

Et de la glace, il y en a encore, bien qu'une petite journée passée au pied d'un glacier nous fasse mesurer combien notre planète est en danger. Le Groenland étant un immense glacier en lui-même, il est frappant d'y observer à notre échelle les effets du réchauffement climatique. En effet, depuis notre dernière visite il y a deux ans, les glaciers ont très nettement reculé, et c'est bien inquiétant. Lorsqu'on pense que nous sommes, nous Européens, en grande partie responsables de cette maladie qui touche notre planète, ça porte à réfléchir. Tout ça pour vous dire que de petits gestes au quotidien pourraient réellement aider à ralentir la destruction à petit feu que subit ce petit bout de paradis qu'est encore le Groenland... et si nous ne le faisons pas pour nous, il est important de le faire pour les générations à venir. Nous avons eu la chance de naviguer dans cette région merveilleuse, et apprécions ce privilège à sa juste valeur. J'aimerais sincèrement que tout le monde puisse ne serait-ce que toucher du doigt ce que nous avons vu pour saisir la portée de ces mots et les mettre à profit pour les générations futures.

Mais en attendant, notre voyage tire à sa fin. Des vents violents sont annoncés sur notre zone d'ici trois jours, et nous sommes donc contraints de faire route vers l'Islande dès aujourd'hui, afin d'éviter de reprendre une déculottée comme à l'aller! C'est heureux que nous laissons derrière nous les montagnes du Groenland, et l'émotion nous porte encore alors que nous croisons les derniers Icebergs. La brume a remplacé le beau soleil qui nous accompagnait ces derniers jours, ajoutant encore au mystère qui entoure l'endroit, et le rend tellement insaisissable. Dans deux ou trois jours, nous aurons rejoint une terre plus civilisée, et les téléphones remplaceront les appareils photos. Fini le rêve ? Pour nous certainement pas. On reviendra. Bientôt. Toujours avec le même bonheur. Toujours avec la même envie.

Je vous laisse donc pour aller savourer les derniers instants de magie de ce pays où dansent des sculptures de glace. On se retrouve en Islande !

Salutations inuites,

Juliette pour l'équipage de Paradise.

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