videos

samedi 1 août 2009

Moments in Paradise



Vendredi 31 Juillet 2009


De retour à Reykjavik

Bonjour,


Nous sommes arrivés hier midi à Reykjavik, au terme d’une très très belle croisière en Islande. Pour changer un peu de mes brèves habituelles, je vais choisir de vous conter un moment de vie sur Paradise… en l’occurrence la dernière nuit de quarts avant notre arrivée à Reykjavik.
Il est 21h. Nous attaquons, Laurent, Jean Paul et moi-même le premier quart de nuit de cette croisière. Nous sommes au sud de la péninsule du Nord Ouest de l’Islande, et venons de laisser dans notre sillage le dernier d’une longue série de fjords ; les autres équipiers nous quittent pour 4 heures, qu’ils vont mettre à profit fort justement pour grappiller un maximum de sommeil.


Laurent est au cerceau, concentré. Paradise file autour de 9kn sous 2 Ris et Trinquette. Jean Paul somnole, et moi, je bouquine tranquillement et surveille notre progression d’un œil distrait. Arrive le tour de Jean Paul, qui à son tour pilote notre fier voilier. Laurent attaque une fois de plus une série de photos, son exercice de prédilection… c’est ainsi que Jean Paul finira déguisé, affublé d’un duvet… ouf, on n’a pas réveillé les dormeurs!


Enfin, passons... Il est maintenant 1h du matin. Le quart montant pointe le bout de son nez encore engourdi de sommeil. Nous leur avons préparé un joli coucher de soleil. Contre toute attente, le soleil se couche, mais la nuit elle refuse de se lever, pardon, de tomber. J’ai tout de même envoyé Laurent accrocher une étoile dans le ciel. Pas trop haut, il n’est toujours pas si agile et j’ai encore besoin de lui. On s’est même piqué le luxe de leur placer un joli glacier au centre du tableau, au cas où le coucher de soleil ne serait pas à leur goût. Il s’agit du Snaeffelsjökull. D’ailleurs, on ne leur a laissé que le Snaeffels, le Jökull (glacier en Islandais) ayant été englouti tout à coup par de beaux et mystérieux nuages. J’ai une pensée profonde. Mais je préfère la garder pour moi pour l’instant. La nuit porte conseil. Zut, il n'y pas de nuit ici.


Il est 5 heures du matin. La nuit ne s’est toujours pas levée. Le soleil, lui, sort majestueusement derrière le glacier… le même. Je me frotte les yeux, je n‘ai pas très bien dormi. Bien que le Snaefellsjokull fût pour Jules Vernes l’entrée du Centre de la terre, je ne pense pas que nos amis se soient arrêtés faire un tour pour aller voir. Ahhh voilà, ils nous expliquent, le glacier leur a pris le vent, et c’est pourquoi ils ont un peu moins progressé que nous au quart précédent. Non contents de nous avoir réveillé un quart d’heure trop tôt (personnellement, tous mes réveils ont lieu trop tôt, et je les considère donc à chaque fois comme une injustice et une triste fatalité), nos camarades de jeu restent sur le pont pendant que nous trimons de nouveau à la barre pour faire avancer au mieux notre belle monture. Perfides équipiers… s’ils étaient si bien, pourquoi nous réveiller?


Les heures passent, le vent monte. Comme s’il y avait un lien de cause à effet entre le fait que je prennes un quart pour que tout se complique. Même pas peur. On choque la GV, on enfonce un peu le liston dans l’eau, mais une fois de plus, nos efforts sont récompensés par une belle progression. Et des œufs au bacon. Deuxième pensée profonde. Au loin, nous apercevons des baleines qui s’entraînent à sauter. Sans doute y a-t-il un spectacle en fin d’année… Le quart montant a des petits yeux à 9 heures… ils se vengent en tapant dans les vagues pour perturber notre sommeil. Je vous rassure, ça marche. J’ai tenu une heure et demie avant de sortir furax.


Il est maintenant 11 heures. Le ciel est redevenu du bleu qui donne envie de ne jamais rentrer. Et pourtant, la fin est proche. On distingue désormais nettement la cité magique de Reykjavik. Laurent dort. Comment fait-il? Je vais le réveiller vers midi au doux son de l’annonce d’un imminent affallage de grand voile. Son regard St-Exupéry ne masque pas la détresse dans ses yeux… et sa voix conforte mon idée que certainement, s’il y a une vie après la mort, Laurent sera réincarné en macareux.


Il est 12h30, et cette fois, je crois bien que c’est fini. Le bateau ne bouge plus, le vent s’est évaporé, Delphine a réapparu. L’équipage est souriant. C’est ma fête aujourd’hui. La dernière fois qu’on me l’a souhaitée, j’ai passé une journée détestable. Ils ont oublié…tant mieux. Cette journée est belle. Depuis minuit. La nuit n’existe pas ici… Est-ce cela qui rend la vie si belle en ces contrées reculées?

Alors, à peine rentrés, nous pensons déjà à repartir. Paradise va bien. Nous aussi. Lundi, j’ai fêté mon anniversaire dans un mouillage extraordinaire, avec des équipiers formidables et de la gentillesse a tous les étages. Hier, nous avons retrouvé nos amis d’Algol et partagé un dîner : on a mangé de la baleine. Aujourd’hui, on fête les quelques printemps d’Arnaud avec un peu de champagne et beaucoup d‘amour. Demain, on ne sait pas. Ainsi va la vie. Elle est belle notre vie. Elle est très belle même. J’espère que la vôtre l’est autant.


Juliette pour l’équipage de Paradise.

Aucun commentaire: